50 artistes exposent à la Villette, certains seront bientôt incontournables. Focus sur la jeune scène française.
Nés en Europe, en Asie, en Amérique ou en Afrique, ils ont étudié dans les meilleures écoles d’art françaises. Fraîchement diplômés, ils explorent encore leur langage artistique, tentent et expérimentent des matériaux, sondent la société. Certains ont déjà été remarqués. Maïa Lacoustille (voir image), exposée en 2020 aux Magasins Généraux à Pantin, avait marqué les esprits avec son installation protéiforme et pluridisciplinaire composée d’éléments récupérés dans son atelier. Elle expose ici une étrange momie. Cette rencontre d’une variété de matériaux, assemblage de formes, de textures et de couleurs, apparaît comme l’une des caractéristiques de cette jeune génération. Leurs collages racontent la société mondialisée et technologique, sa variété inépuisable de sources d’informations et de connaissances, conjuguant passé et futur au présent. Pour cette 6e édition, l’exposition collective 100% se déploie dans les 3500 m2 de la Grande Halle de La Villette. Accueilli par une installation cinétique monumentale de l’artiste et activiste Lyz Parayzo, tout autant agressive que protectrice, le visiteur découvre ensuite une cinquantaine d’univers. Aucun rapprochement thématique ne le guide, « pour ne pas enfermer les artistes aux profils très variés », explique Inès Geoffroy, directrice de la programmation culturelle de La Villette. Libre de ses mouvements, il décide de sa déambulation. S’il s’intéresse à un avenir post-humain, sans doute sera-t-il tout d’abord attiré par les formes mutantes de Louise-Margot Décombas et par les espèces florales de Caroline Vergote-Coudournac. Il tentera ensuite de se lover dans les sculptures hybrides mi-végétales mi-animales du duo Anastasia Simonin et Kazuo Marsden. Leurs formes et leur matérialité séductrices attirent les corps et invitent à les caresser. S’il souhaite s’imprégner d’une joie communicative, il se dirigera vers les œuvres féminines de l’éco-sorcières Opale Mirman. Ou plongera dans les scènes mythologiques du street artiste péruvien Tremos faisant se rencontrer les espèces vivantes animales, végétales et humaines. S’il est en quête d’un safe space, il pourra se rendre dans l’installation Casa à palabres de Carla Gueye. En résidence au Sénégal, l’artiste a découvert l’absence de lieux de rencontre pour les femmes dans l’espace public. Elle leur crée alors un lieu de discussion construit à partir de matériaux naturels et habité par des figures féminines. Enfin s’il s’intéresse à la transformation de la matière, il appréciera les œuvres de Sofia Salazar Rosales. Remarquée lors de l’exposition des félicités de l’école des Beaux-Arts de Paris il y a peu, l’artisteéquatoriennese réapproprie avec dextérité des objets trouvés, souvent issus de la colonisation. Visiter l’exposition 100% consiste ainsi à faire des choix a priori, pour ensuite se pencher sur des pièces plus inhabituelles ou plus discrètes, dont celles de Garance Butler-Olivia. Toutes racontent notre société, la transforment et inventent le futur. Et parce que la jeunesse est à l’honneur, des performances, des soirées et des rencontres rythment les 31 jours de cette exposition.
100% L’EXPO jusqu’au 28 avril à la Grande Halle de La Villette, plus d’informations