L’artiste superstar Matthew Barney revient à la Fondation Cartier avec un nouveau et très excitant projet.
Il y a 30 ans, son cycle Cremaster réalisé entre 1994 et 2002 commençait à débarquer en France. Le choc. Des films délirants, bourrés d’énigmes, de symboles à décrypter, de formes et de matières en mutation, de personnages abstraits, fermés, d’images d’une beauté aseptisée à couper le souffle. Les cinq films mettaient en scène des lieux, dont le Chrysler Building à New York et l’île de Man dans la mer d’Irlande. De ces lieux émanaient des atmosphères violentes, ultra-sensuelles, ultra-physiques. Des personnages muets y évoluaient, dirigeaient par des forces intrinsèques ou exogènes. Des liens les unissaient, qui rappelaient le langage secret des francs-maçons. Le tout dans un environnement à l’esthétique ultra-léchée, quasi chirurgicale, complètement maîtrisée par Matthew Barney. Dans ces films apparaissaient des objets formés pendant le récit à partir de matériaux propres à l’univers de l’artiste, vaseline, polymères, verre, aciers. Ils étaient prothèses, tables, ou simplement là. Dans les expositions, ils sortaient du film pour être présentés. Ils étaient le fruit de toutes ces expériences visuelles.
Né en Californie, Matthew Barney travaille autour du corps depuis ses débuts. Au collège, il pratique le football américain. Diplômé de Yale en 1991, section scientifique, il décide de se lancer dans une carrière artistique. La performance sera son art. Il se filme et se photographie en train de dessiner sur les murs, le corps contraint par des élastiques. De cette astreinte physique, moteur de sa créativité, naissent ses premières œuvres qu’il nomme Drawing Restraint. Dès lors, le corps sera au centre de son art. Un corps en mutation, grimé, muet, qui communique à l’aide de mouvements, scindés, précis. Un corps en quête de perfection, à l’image des sportifs. La Fondation Cartier présente un ensemble de ces vidéos. Mais aussi le dernier opus, Drawing Restraint 27, réalisé dans les espaces de la Fondation pendant le montage de l’exposition. Celui-ci fait directement écho à Secondary, l’autre nouvelle création de Matthew Barney, inspirée d’un accident qui marqua les esprits des Américains. Le 12 août 1978, le défenseur des Oakland Raiders, Jack Tatum et le receveur de l’équipe des New England Patriots, Darryl Stingley, se percutent violemment. Ce dernier restera paralysé à vie. Dans ce film tourné dans son studio new-yorkais, des sportifs se déplacent, évoluent, se cognent, travaillent des matières plastiques, métalliques, ou de l’argile, en mutation. Une sculpture en terre cuite représentant un équipement d’haltérophilie est créée. Elle est exposée dans la Fondation Cartier aux côtés d’un terrain de sport où est diffusé le film subdivisé en cinq écrans. Là encore un lieu, le terrain de sport et ses personnages, se déploie sous la forme d’un film qui, telle une matrice, génère ensuite une œuvre. Courez à la Fondation Cartier et profitez-en pour aller savourer le cycle Cremaster diffusé intégralement au Christine Cinéma Club les 29 et 30 juin.
Matthew Barney, Secondary à la Fondation Cartier du 8 juin au 8 septembre.