Épris d’abstraction géométrique, de skate, de sciences et d’histoire des arts, le talentieux Raphaël Zarka est fêté à la galerie Mitterrand et dans une diversité de lieux en France.
Ses gravures, sculptures et installations en bois et en briques se composent de formes géométriques évoquant l’abstraction géométrique d’El Lissitzky ou de Sophie Taeuber-Arp. Et pour cause, » Très tôt lors de mes études aux Beaux-Arts de Paris j’ai compris que j’allais pouvoir fabriquer des œuvres à partir de ces formes et de l’esthétique de ce modernisme, explique Raphaël Zarka. En étudiant ce courant, je suis alors forcément tombé sur l’histoire de la géométrie. Et en tant que skateur, la géométrie c’est mon terrain, le plat, la pente, les courbures. » Au gré de ses recherches dans des domaines aussi variés que le skate – Raphaël Zarka a rédigé trois essais sur cette pratique, les sciences et l’histoire de l’art, l’artiste prélève des formes qui traversent les siècles. Il tisse des liens entre l’abstraction géométrique du XXe siècle, les illustrations d’un traité britannique sur les cadrans solaires du XVIIe siècle et les architectes romains qui s’inspirèrent de la géométrie euclidienne. « Ce sont des jeux de proportions, des sphères qui s’imbriquent dans des cubes, des cercles qui s’organisent autour du carré. La géométrie est une aide à la décision, comme chez Le Corbusier. » Ses œuvres naissent dans ces analogies révélées. Collages, elles intègrent, après un temps de latence, ses recherches scientifiques, comme ce fut le cas pour La Doublure installée à Trélazé. Alors qu’il a découvert la vis sans fin d’Archimède, il voit les cheminées Tudor du Palais londonien d’Hampton Court reprenant ce même mouvement associé à une autre invention du scientifique grec, la structure octogonale du rombicuboctaèdre, élément majeur de son propre vocabulaire plastique. Quelques années plus tard, ces découvertes rencontrent un désir matériel de travailler la brique, de collaborer avec certains artisans et une commande, celle de la Manufacture d’allumettes de Trélazé.Celle-ci se concrétise dans cette installation monumentale aux lectures multiples. Une autre sculpture inspirée de la cheminée Tudor est présentée à la galerie Mitterrand. Tandis que Jean-Max Colard du Centre Pompidou lui a commandé une installation à pratiquer, une rampe cycloïdale de skate, la troisième qu’il réalise, associée à un gradin convexe et donc inversé. Inversé et praticable comme la cheminée de La Doublure. Jeux d’emboîtement comme les formes qui composent ses Sculptures Prismatiques en bois exposées au Domaine du Muy et qui rappelle le jeu de construction du Tangram. Elles sont elles aussi nées d’une rencontre avec un objet préexistant. « Je jouais avec des clés de châssis d’un ami peintre, en attendant qu’il finisse son tableau. J’ai alors fabriqué une petite construction. Je l’ai gardé très longtemps chez moi. Pour la reprendre quelques années plus tard afin de réaliser une série de sculptures modulaires à partir de ces modules simples, dans la tradition de Carl Andre. » Dans les œuvres de Raphaël Zarka, simples en apparence, s’agglomèrent une multitude de références esthétiques qui parcourent l’histoire des arts et des sciences.
Tautochrone à la Galerie Mitterrand, Paris jusqu’au 27 juillet.
Manufacture d’allumettes, Trélazé
Camoufleur galerie, Lille, jusqu’au 23 juin.
Parvis du Centre Pompidou, à partir du 25 juin.
Domaine du Muy, jusqu’au 7 juillet.