La rentrée romantique d’Insula Orchestra

Quelques jours après le passage de Yuja Wang à la Philharmonie de Paris dans le Concerto pourpiano n°2 de Chopin, Lucas Debargue et Laurence Equilbey proposent au public de la SeineMusicale le premier concerto du compositeur polonais.

Les musiciens d’Insula Orchestra, orchestre en résidence à la Seine Musicale depuis 2017, accompagnent sur instruments d’époque le pianiste français, qui bénéficie de la sonorité singulière d’un remarquable Pleyel. La partition, ne laissant que de rares répits au soliste, est un véritable tour de force que Lucas Debargue exécute avec légèreté et une pointe d’insouciance. On s’étonne cependant de ne pas trouver dans son interprétation autant d’intensité romantique que peuvent requérir les pages de Chopin, accompagnées par la sonorité touchante des instruments anciens. Mais c’est un choix : dévalant les quarante minutes d’exécution du concerto, le soliste refuse de séduire plus que de raison, évitant tout maniérisme. Si le relief de la partition en souffre un peu, Lucas Debargue réussit cependant à toucher jusqu’à l’âme du public de son doigté cristallin dans le deuxième mouvement, fait montre d’une énergie intarissable dans le Rondo vivace et restitue l’idée du folklore polonais dans une joyeuse danse scherzando.

Quant à l’orchestre, complice de tous les instants, il se fait un accompagnateur de choix, dont on attend avec impatience le coup d’éclat sur une partition d’un autre maître du romantisme.

Une brillante rentrée pour Insula Orchestra

On a pu, par le passé, considérer Schumann comme un piètre orchestrateur. Mais, à l’écoute de sa Quatrième Symphonie, comment ne pas admirer l’homogénéité entre les différents pupitres, l’intrication des chants et contre-chants et les soubresauts d’une partition tout aussi impériale que chaleureuse et intime, où résonne encore le souvenir de Beethoven ? Laurence Equilbey tire de l’orchestre une sonorité compacte et progresse avec force dans cette symphonie qui prend des airs, bienvenus pour l’occasion, de célébration. Quel plaisir d’entendre l’Insula Orchestra exprimer pleinement sa fougue dans une cohésion parfaite ! Et quelle sensation face à cet admirable crescendo qui précède de peu le final, ramenant tous ceux dont l’esprit avait pu se perdre en rêverie dans un deuxième mouvement chantant et délicat. Une question se pose alors : à qui, d’une partition admirable ou d’un orchestre talentueux, revient le mérite d’offrir au public cet instant de grâce ? Aux deux, assurément, car Laurence Equilbey montre ici sa volonté de hisser l’une comme l’autre aux plus hauts sommets.

Pour ceux qui auraient manqué ce premier rendez-vous, Insula Orchestra, Laurence Equilbey et Lucas Debargue redonneront ce concert à l’identique ce soir (25 septembre) à 20h à la Seine Musicale.