Dans le triangle d’or parisien, dont l’épicentre est le croisement de l’avenue Matignon avec la rue du Faubourg-Saint-Honoré, une trentaine de galeries ont décidé de se fédérer au sein de l’association « Matignon Saint-Honoré ». 
Cela n’aura échappé à personne, depuis une poignée d’années, les galeries migrent vers le quartier Matignon quand ce ne sont pas de grosses enseignes étrangères qui y ouvrent des espaces. Ainsi Perrotin, Kamel Mennour ou Almine Rech côtoient désormais l’anglaise White Cube et l’américaine Gagosian, qui avait été la première à miser sur les abords de l’avenue des Champs-Elysées puisqu’elle y ouvre une galerie rue de Ponthieu dès 2010. Depuis, le mouvement n’a pas fléchi ce dont témoignent deux nouveaux arrivants, l’italienne Galleria Continua et la française Mitterrand, qui viennent toutes les deux de dénicher un espace rue du Faubourg Saint-Honoré qu’elles inaugurent ce mois d’octobre. La première sous la forme d’une vitrine prestigieuse à quelques pas du Bristol, la seconde ayant préféré un vaste espace lui permettant de miser plus fortement sur les œuvres de second marché. Si ces deux galeries ont déjà un lieu dans le Marais, ce développement géographique montre qu’elles ont vraisemblablement senti le vent favorable du marché dans ce quartier luxueux, plébiscité par les collectionneurs fortunés et où il est plus aisé de stationner – ce point pouvant sembler anecdotique est souvent avancer comme argument. « Chaque quartier crée ses événements. L’idée était donc de créer le nôtre, pendant la semaine de l’art contemporain, afin d’aligner nos dates de vernissages » explique Hélène Bailly, présidente de la toute nouvelle association « Matignon Saint-Honoré » née de ce désir de rendre plus visite sur la carte parisienne le dynamisme artistique de ce quartier que les professionnels du marché de l’art convoitent mais qui reste relativement confidentiel et assez peu connu du grand public. « Tout le monde a répondu présents très vite. Les maisons de vente ont été enthousiastes et se retrouvent toutes sur le même document de communication » indique avec malice le galeriste Raphaël Durazzo, secrétaire général de l’association. Il ajoute : « L’idée est aussi de dessiner une cartographie artistique de ce quartier qui n’est pas toujours bien identifié pour ce qu’il est réellement en termes d’offre artistique de qualité ». Dans sa galerie, dont la programmation s’inscrit actuellement dans les célébrations du Centenaire du surréalisme, on peut actuellement découvrir des œuvres de trois des femmes les plus célèbres rattachées au mouvement d’André Breton : Leonor Fini, Dorothea Tanning et Leonora Carrington. Elles font écho à l’imagination néo-surréaliste de trois jeunes femmes, l’artiste d’origine suédoise et basée à Londres Sara Anstis (née en 1991) et les Américaines Piper Bangs (née en 2002) et Ginny Casey (née en 1981), qui ravivent avec fraîcheur la fantaisie de leurs aînées. Même facétie, même audace formelle. Cette exposition qui croise les générations reflète parfaitement l’offre des galeries du quartier qui s’étend de l’art moderne à la création contemporaine, en passant par l’art ancien et le design. Elle sera encore à l’affiche le lundi 14 octobre au soir pour le lancement officiel de cette nouvelle fédération de galeries. 31 enseignes ouvriront leurs portes pour une grande fête artistique de quartier à laquelle se joindront les maisons de vente Christie’s, Sotheby’s (qui inaugure la même semaine son nouvel espace immense au 83 rue du Faubourg Saint-Honoré), Artcurial et Piasa. Au menu, expositions, cocktails, preview, lectures et concerts, le tout arrosé des champagnes Ruinart et adoubé par les lieux voisins de prestige tels que l’hôtel Bristol ou la Réserve. Ce lancement coïncide avec la folle semaine de l’art contemporain qui verra l’ouverture de la 1ère édition d’Art Basel Paris, sous la verrière du Grand Palais rénové.