Évènement : Pharrell Williams et Emmanuel Perrotin célèbrent l’extraordinaire créativité des artistes africaines, afro-américaines et afro-caribéennes dans une exposition de groupe qui fera date.

Pharrell Williams and Emmanuel Perrotin – Photo: Tanguy Beurdeley – Courtesy of Perrotin

C’était hier, ou presque. Un de ces après-midis semblant sortir d’un clip de rappeurs ayant réussi à se faire une place au soleil de la gloire et de la fortune. Une vaste propriété de Miami à la maison tout aussi vaste avec, sur le parking, un défilé de Ferrari, de Porsche, et autres Maserati, scrutées par les visiteurs comme des tops sur un catwalk. C’est dans cette ambiance que les paresseux de l’écriture nomment « glam » et que je qualifierais plutôt de babylonesque qu’Emmanuel Perrotin rencontre en 2007 Pharrell Williams. Invité à une pool party parsemée d’infernales créatures en bikini laissant à l’appréciation des invités leurs jambes interminables, le galeriste parisien tombe dans les bras de la célébrité virginienne. Les deux princes de la nuit scelleront ce jour-là une amitié qui n’a jamais cessé de se renforcer au fil des années, amitié favorisée par l’installation dans la capitale du chanteur chargé depuis le 14 février 2023 des collections Homme de la maison Louis Vuitton. Il y a un an et demi à l’occasion d’un portrait que je lui consacrais, Emmanuel Perrotin se révélait intarissable sur son ami américain. Ses yeux s’étaient mis à briller comme ceux d’un enfant au pied du sapin à l’évocation de cette complicité transatlantique. «Je lui avais prédit que Happy deviendrait un tube planétaire, je ne m’étais pas trompé, et il s’en souvient ! ». Tout était né de leur admiration mutuelle pour la scène artistique japonaise, en particulier pour l’oeuvre de Takashi Murakami qu’exposait la galerie Perrotin ce printemps de 2003 à Miami Art Basel. Un passage du chanteur sur le stand signèrent  les prémisses d’une entente plus que cordiale tissée de complicité créative. Contacté entre deux avions, le tourbillonnant galeriste se souvient : «Pharrell s’était montré très intéressé par les catalogues que j’avais apportés à la party; il avait eu une envie de poursuivre l’échange avec moi. Peu de temps après, nous avons travaillé ensemble sur le projet d’une chaise que j’ai exposée par la suite à la galerie».

                                  Deux fauves

 Chacun de ces deux fauves sans cesse en action ont dès le départ reconnu en l’autre une sorte de miroir reflétant leurs propres modes de fonctionnement dans lesquels entrent de l’énergie, de la curiosité et de de la volonté. Ajoutez à cela une même passion pour la création et la culture contemporaines, et on peut comprendre que le respect imprime durablement sa marque entre ces deux-là. Très vite, une collaboration fructueuse s’engage entre eux. Ainsi, l’exposition Perspectives de 2008 permettra de découvrir un aspect alors méconnu de Pharrell Williams, sa passion pour le design et la création de mobiliers. S’en était suivi un dialogue fécond avec avec des célébrités artistiques telles que Takashi Murakami, Laurent Grasso, Sophie Calle et Daniel Arsham, entre autres.

    Il y a un peu plus de dix ans, Pharrell Williams propose à Emmanuel Perrotin l’idée d’une exposition de groupe nommée G I R L, inspirée de l’album éponyme du chanteur sorti au même moment. Les titres chantaient les femmes, la Femme, louaient leur force et leur résilience, leur beauté et leur sensibilité. La Femme noire, en particulier, avait été montrée en artiste de combat dans le cadre de l’exposition qui fut un évènement. « Les femmes, m’explique Pharrell Williams, ont été une telle force dans ma vie, de mes grands-mères à ma mère, en passant par ma femme, ma fille, mes nièces, mes cousines, les membres féminins de mon équipe et toutes celles qui font partie de notre cercle élargi !  Je n’ai rien d’autre à ajouter que ceci : les femmes sont une force extraordinaire pour le bien du monde ! » Après un tel aveu, difficile de s’étonner de sa nouvelle initiative chez Emmanuel Perrotin, enthousiaste à la première seconde : un GIRL bis cette fois-ci appelé Femmes, tout simplement. En V.O. Après tout c’est un joli mot français, plus doux à l’ouïe il me semble  que le rugueux et guttural girls. Question d’oreille, sans doute…

La suite de l’entretien est à découvrir dans le dernier numéro de Transfuge

« Femmes » curated by Pharrell Williams, Perrotin Turenne, Paris, du 20 mars au 19 avril

Nina Chanel Abney, Marabou, 2024. Acrylic on canvas 84 x 168 x 1 1/2 inches diptych, 84 x 84 x 1 1/2 inches each. Courtesy of Nina Chanel Abney and Jack Shainman Gallery, New York. ©Nina Chanel Abney.