Midegbeyan Ojisua

Silhouettes ineffables dans la matité de l’huile travaillée au couteau. La couleur semble de la terre. Peinture monochromatique, relevée de quelques gouttes lumineuses. Art de l’effacement dans ces portraits qui semblent des souvenirs de lointaines peintures classiques dont il ne resterait que des vestiges. Le jeune peintre nigérian (né en 1996) a quitté pour la première fois son pays pour ses débuts en galerie parisienne. Sa sensibilité croise la grande peinture occidentale et un ancrage à la terre, ocre-brune, dans laquelle ses figures expressionnistes au charme suranné, se perdent. Fantômes d’un âge d’or, dont les derniers reliefs transparaissent, lignes de robes et de visages, happées par une douce solennité picturale.

Midegbeyan Ojisua, Soft Memories, jusqu’au 7 mai, Galerie By Lara Sedbon, bylarasedbon.com

Droits réservés – Midegbeyan Ojisua

Elise Péroi

         À la galerie Anne-Sarah Bénichou en février, on croyait sentir le vent de Camargue nous caresser les joues tandis qu’il s’infiltrait dans l’immense paravent d’Elise Péroi (née en 1990). Portes et fenêtres de lin et de soie peinte, infiniment délicates, que la jeune artiste semble tisser en regardant l’horizon et en écoutant le chant des oiseaux. Les embruns qu’elle a ramenés d’Arles, où elle a réalisé cette cabane poétique grâce à une résidence à la Fondation Thalie, s’accrochent à ces œuvres aux courbures accueillantes. Habitat rêvé, idéal, en osmose avec la nature, sa sensualité, sa respiration. Son geste artisanal sur le métier à tisser fait osciller les pleins et les vides avec grâce. Poétique d’un monde de fils flottants au charme envoûtant qui investit actuellement la Chapelle des Calvairiennes à Mayenne.

Elise Péroi. Vivre de paysage, au Kiosque Mayenne, Chapelle des Calvairiennes, jusqu’au 4 avril 2025, kiosque-mayenne.org

Léonore Chastagner

On l’avait découverte au Salon de Montrouge en février au milieu de la jeune scène contemporaine. On la revoit dans les salons de la galerie Poggi, toujours aussi discrète, enveloppée par le gris pâle et minutieux du grès. La sculpture de Léonore Chastagner (née en 1992) est habitée par un roman tu, un récit mutique, intime, qui se dévoile par bribes. La fille de Christine Angot modèle et sculpte des petits riens, objets et intérieurs domestiques. Là un débardeur, ici un canapé, jouant des échelles, de la maquette à la figure – toujours sans tête – grandeur nature, en habit léger de maison. C’est de l’ordre du fragment archéologique, celui de nos introspections contemporaines. Délicates et justes, ces sculptures ont l’épaisseur de compagnons dont on n’a du mal à se séparer après les avoir vus.

Léonore Chastagner, dans l’exposition Troy Makaza and guests, jusqu’au 12 avril, Galerie Poggi, galeriepoggi.com

Sans titre, faïence, 15 x 16 cm