madmaxL’impatience était palpable ce matin à la projection presse de Mad Max Fury Road, le quatrième opus de la saga du routeur fou initiée par George Miller en 1979. Cela faisait trente ans que Miller n’était pas revenu à ses courses poursuites furieuses dans le désert, à son monde post apocalyptique où les hommes devenus des simili zombies s’entretuent dans des carcasses de bagnoles super customisées pour s’approprier eau et pétrole. Fort d’un nouveau casting (Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult), Miller en jette d’emblée plein la vue et met la gomme. Mad Max affronte cette fois-ci un seigneur de la guerre pourvu d’un masque en forme de crocs. Lequel dispense quand bon lui semble un peu d’eau au peuple d’esclaves qui tente de survivre à l’abri de son énorme caverne surmontée d’une tête de mort. Mad Max Fury Road ravira les fans de la saga (pour qui le film semble avoir été conçu), et sans aucun doute ceux qui tiennent le deuxième opus (le plus violent et déjanté) pour le plus extraordinaire. Poursuites dans le désert à fond les turbines, carambolages, explosions et cascades dans des tempêtes de sables, le film ne relâche jamais la pédale pendant deux heures. Ici tout n’est qua sables, acier, carcasses et hurlements. Et c’est là que le bât blesse en partie : passé un long prologue détonnant, pétaradant, le film répète à peu près le même schéma d’actions deux heures durant. Lâche en dialogue comme en psychologie avec des personnages réduit à leurs costumes grotesques et à leurs exploits de chauffeurs poids lourds, ce Mad Max ne raconte et ne montre pas grand chose. La dramaturgie n’existe même pas, aucun enjeu dramatique ne vient se greffer à cette surenchère de batailles routières tournées pour une fortune dans le plus vieux désert du monde, en Namibie. L’idée que les femmes pourraient être l’avenir de l’homme est sans doute la seule petite nouveauté pour émousser un intérêt qui ne fait que décroitre. Il reste seulement de cette débauche extravagante et azimutée quelques trouvailles issues du cerveau frappadingue de Miller : le convoi d’acier est accompagné de tambourineurs et d’un guitariste heavy metal. Les ennemis cherchent à arrêter notre héros sur des lances souples comme des roseaux qui se balancent au dessus des machines infernales. C’est un grand numéro de cirque programmatique qui défile à 200 km/H sous nos yeux. On se dit aussi que si Miller a gardé la forme, s’il est pourvu de gigantesques moyens pour mettre en images comme il se doit sa vision singulière du futur, il n’a fait que rejouer sur un mode virtuose mais redondant, un vieux numéro de haute voltige.


 Mad Max: Fury Road de George Miller avec Tom Hardy, Charlize Theron

 

Warner

 

CANNES : HORS COMPETITION

 

Sortie, le 14 mai