Les Stooges, ou les cavaliers de l’apocalypse sonore de l’aube des seventies. Un sabbat de fracas et de stridences chauffé à blanc par les frangins Asheton, orchestré par le chamane nudiste reptilien Iggy Pop. Trois albums entre 69 et 73, trois monuments gravés dans le vinyle et l’histoire du rock, trois déflagrations de « raw power » qui calcinent tout, free jazz, psyché-rock, blues vaudou. Une transe électrique, électrocutée, qui rend dérisoire l’étiquette paresseuse de « pionniers du punk rock ». Intuition géniale de Jarmusch dans son docu : ne pas réduire le groupe de son vieux pote Iggy (l’Iguane est en confiance devant la caméra de Jim, à la fois histrion matois et conteur avunculaire) à un commando de terroristes du tympan. Mais montrer que leur histoire, au-delà de la geste déglingue-provoccame, est celle de trublions de l’esthétique. Que les Stooges, c’est d’abord l’expérimentation artistique. Gimme danger est un vaste collage (témoignages, animation) qui place le groupe dans une galaxie qui irait de John Cage au minimalisme poétique. Ça s’appelle l’avant-garde.