Julia Ducournau fait notre couverture de ce mois pour son premier long métrage, Grave. Notons au passage que Transfuge est un des seuls magazines sinon le seul à prendre le risque de mettre en couv un premier film. Mais c’est que l’équipe ciné croit beaucoup à cette jeune cinéaste de trente-trois ans et qu’il y a fort à parier que dans dix ans on reparle d’elle comme d’une réalisatrice française incontournable. Tout le monde parle déjà du film dans le milieu de la critique, il était sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes, il a fait sensation à Sundance, et a obtenu le Grand prix du très reconnu festival de Gérardmer (ainsi que le prix de la critique dont fait partie notre journaliste Frédéric Mercier). Justine est une fille surdouée qui intègre l’école de vétérinaire où se trouve déjà sa grande soeur. Elle est bizutée et l’on force cette végétarienne à manger de la viande crue. A partir de là, le film bascule dans le cannibalisme… Nous avons fait un long portrait de la réalisatrice, le plus précis possible, pour éclairer le film.
Kamel Daoud est en ouverture de nos pages littéraires. On ne présente plus cet intellectuel algérien, son courage malgré sa fatwa à dénoncer l’islamisme du monde entier. Un livre paraît de l’ensemble de ses chroniques paru entre 2010 et 2016, Mes Indépendances (Actes sud). Il redonne ses lettres de noblesse au genre de la chronique qui sous la plume de Daoud devient littéraire. C’est le chroniqueur le plus lu d’Algérie, très apprécié aussi dans le monde arabe progressiste. Il a notamment beaucoup défendu la cause des femmes dans une région où leurs droits sont quotidiennement bafoués. Nous l’avons longuement interviewé.
Dans un autre genre, nous avons mené l’enquête sur quelques mois du côté des éditions Gallimard. La prestigieuse maison est-elle toujours à la hauteur de sa réputation ? Il faut bien dire que oui selon un grand nombre d’intervenants que nous avons interviewés. La maison de Proust et de Céline a de beaux jours devant elle. Mais des voix s’élèvent, souvent en off, tant elles semblent redouter Gallimard. Éditeurs, libraires, critiques, romanciers nous donnent leurs avis.
Il nous a semblé par ailleurs intéressant de s’intéresser de nouveau au philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie , qui avait fait notre couverture l’année dernière pour son essai très stimulant sur la justice, Juger (Fayard). A l’occasion du très bon livre qu’il a fait paraître en cette rentrée, Penser dans un monde mauvais, (PUF), Oriane Jeancourt s’est entretenue près de trois heures avec lui à la Closerie des Lilas, pour essayer de mieux comprendre l’origine de sa pensée, et de mieux savoir qui est ce jeune homme de trente cinq ans venu du très chic XVIeme arrondissement de Paris devenu une des figures les plus en vues de la gauche radicale.
A vous tous, chers lecteurs, qui souhaitez lire autre chose que ce qu’on lit dans la presse mainstream, qui en avez ras le bol d’entendre parler de ces élections, ces petites affaires, ces petites phrases, ces tweets sans intérêt, bienvenue à Transfuge !