Fausse innocence, vrai génie : Jean-Emmanuel Deluxe surfe avec maîtrise sur l’histoire des Beach Boys. Surf’s Up !
Le soleil californien vaut bien les UV grecs et l’histoire des Beach Boys n’a a priori rien d’une sucrerie estivale, mais tout d’une tragédie. Une histoire de famille avec un père/monstre, Murry Wilson, et, au sein de la fratrie Wilson, un qui a les traits parfaits du héros – Dennis – un autre, Brian, qui est le parfait antihéros tragique : solitude, hybris (« un Stanley Kubrick de la pop », note Jean-Emmanuel Deluxe, que sa ferveur de passionné, son infaillible érudition, n’empêchent pas d’avoir le trait juste, alerte et ramassé). Alors que défilent albums, tubes et tournées, le casting tragique s’étoffe : le parolier sibyllin comme un oracle – Van Dyke Parks, qui cisèle les mots de Smile ; le tyran – Jack Rieley, ce beau parleur qui a, au début des années 70, a entre les mains le destin des Beach Boys dans une atmosphère qui évoque moins la pop que les intrigues de palais… Comme dans toute tragédie qui se respecte, la vague des passions déferle : il suffit de suivre le fil des relations avec les Beatles. Mais, comme dans toute tragédie encore, l’histoire des Beach Boys raconte comment on se refait une famille, comment on se trouve des frères et des pairs au sein des désastres. En l’occurrence, cette famille, c’est nous, les auditeurs, ces « coeurs (qui ne seront ) plus jamais solitaires » grâce à Brian, Dennis, Carl, Mike et A